Essayez de devenir accompli dans le service de dévotion
Pas à pas, un sādhaka atteindra son objectif. Ceux qui sont très expérimentés dans le service de dévotion atteignent très rapidement le stade d'āpana-daśā, le stade de la requête. Nous devons êtrebhajana-caturas, émérites dans l'exécution du bhajana-sādhana (la pratique du service de dévotion). Par exemple, si vous voulez devenir un bon voleur à la tire, vous devrez suivre une formation. Ces voleurs sont très habiles, pendant qu’ils vous parlent, ils peuvent vous dérober tout votre argent. Ils sont capables d’extraire l’argent d’une poche avec seulement deux doigts. De la même manière, Śrīla Bhaktivinoda Ṭhākura était bhajana-catura, très versé dans le service de dévotion.
Ceux qui veulent devenir compétents dans le bhajana-sādhana doivent rechercher la compagnie de dévots hautement réalisés du Seigneur. Au contact de tels dévots et en écoutant leur hari-kathā, vous deviendrez naturellement bhajana-naipuṇyas : très accomplis dans la pratique du bhajana.
Au stade d’apana-daśā, l'identification avec le corps physique est réduite à néant. En effet, bien que le sādhaka vive encore en ce monde matériel, la miséricorde de yoga-māyā dissoud complètement ses corps physique et subtil. Si vous prenez une corde, y faites un nœud, puis la brûlez, la corde sera certes réduite en cendre, mais celle-ci conservera la forme du nœud, toujours visible. Pareillement, le sādhaka vit toujours dans le corps à ce stade, mais toute contamination matérielle a été détruite et toutes ses activités, y compris manger, dormir et parler, ne s’effectuent plus qu'en raison de ses habitudes du passé.
Un sādhaka progresse dans la bhakti en fonction de toutes ses impressions passées (saṁskāras). Lecitta, la conscience de l’être vivant, comprend deux sortes d’impressions: les prāktini-saṁskāras etles ādhunika-saṁskāras. Les prāktini-saṁskāras sont les impressions acquises au cours des vies passées. Dans sa vie antérieure, le sādhaka a pratiqué le bhajana- sādhana en compagnie de dévots du Seigneur hautement réalisés. Ainsi, ces impressions passées commencent à se révéler et le cœur du sādhaka se trouve automatiquement absorbé dans les divertissements de Śrī Śrī Rādhā-Kṛṣṇa.
Les ādhunika-saṁskāras sont les impressions acquises récemment ou dans la vie présente. Les impressions transcendantales résultent de la fréquentation de dévots de haut-rang. Si vous avez le cœur simple, un sādhu y imprimera des émotions spirituelles. Si l'argile qu’utilise un potier pour fabriquer ses pots est tendre, il pourra très rapidement y imprimer des motifs et autres marques. Mais si l'argile est sèche, il ne le pourra plus. De même, si le cœur du sādhaka est très doux, sans hypocrisie ou duplicité, śrī guru et les sādhus seront très rapidement en mesure d’y imprimer des sentiments de dévotion. Conduits par Śaunaka, les quatre-vingt-huit mille sages demandèrent à Śrīla Sūta Gosvāmī :
«Par ta soumission, tes maîtres spirituels t’ont doté de toutes les faveurs accordées à un disciple doux de cœur. Aussi, peux-tu maintenant nous faire part de tout ce que tu as méthodiquement appris d’eux.»
S'enquérir humblement auprès du maître spirituel
Par la miséricorde sans cause de sri guru et de Kṛṣṇa, le sādhaka se débarrasse peu à peu de tous ses anarthas. Il réalise alors son siddha-deha, sa forme constitutionnelle transcendantale. Tous lesśāstras expliquent qu’il faut d’abord réaliser son identité propre: «Qui suis-je?» Le Vedānta-sūtradéclare: «Une personne réellement intelligente devrait simplement s’enquérir de l’origine suprême de toute chose.» Le Śrīmad-Bhāgavatam stipule qu’un sādhaka doit avant tout s’interroger sur lui-même, sur son identité véritable.
Le premier aphorisme du Vedānta-sūtra enseigne:
Ainsi, par sa pratique du bhajana-sādhana, les anarthas du sādhaka sont retirés de son cœur et il réalise sa forme constitutionnelle transcendantale. Il réalise au préalable qu'il est un serviteur éternel de Kṛṣṇa.
«La position constitutionnelle de l'entité vivante est celle de serviteur éternel de Kṛṣṇa.»
Si un sādhaka prétend de manière superficielle ou pour simuler: «Je suis un serviteur éternel du Seigneur Kṛṣṇa», ce ne sont là que de vaines paroles et il n’a pas encore atteint la perfection.
«Je ne suis ni un brāhmaṇa, ni un kṣatriya, ni un vaiśya ou un śūdra. Je ne suis pas non plus unbrahmacārī, un gṛhastha, un vānaprastha ou un sannyāsī. Je suis simplement le serviteur du serviteur du serviteur des pieds pareils au lotus de Śrī Kṛṣṇa, Lui qui est la raison de vivre desgopīs. Il est un océan de nectar et la cause de toute félicité spirituelle. Il est éternellement resplendissant.»
(L’extrait du livre «Les joyaux du coeur», Sri Srimad Bhaktivedanta Vana Gosvami Maharaja)